Rafle contre les médias kurdes en Turquie : 38 arrestations
20 Décembre 2011Par Maxime-Azadi
http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-azadi/201211/rafle-contre-les-medias-kurdes-en-turquie-38-arrestations
Le régime AKP a arrêté mardi 20 décembre au moins 38 journalistes et collaborateurs des médias, procédant à des perquisitions simultanées dans les locaux des médias kurdes et socialistes.
Sur ordre du Parquet d'Istanbul, la police a perquisitionné les locaux de l'agence kurde DIHA, du quotidien kurde Özgür Gündem, de l'agence Etik, de l'imprimerie Gün, de la revue Demokratik Modernite et les dommiciles des correspondants de l'agence de presse Firat (ANF) à Istanbul, Ankara, Adana, Diyarbakir, Izmir et à Van.
Au moins 38 journalistes et collaborateurs des médias personnes ont été arrêtés lors de ces opérations simultanées lancées tôt le matin, visant tous les médias kurdes et les journalistes qui collaboraient avec ces médias, dans le cadre de l'affaire KCK, considérée par les autorités comme la branche politique du PKK. Parmi les personnes arrêtées figurent onze journalistes de DIHA et six du journal Özgür Gündem.
Dans la province de Van, frappé en octobre et novembre par des tremblements de terre, les policiers ont perquisitionné une tente sous laquelle travaillaient les journalistes de l'agence DIHA privés de locaux depuis la catastrophe.
Les journalistes arrêtés : Fatma Kocak (rédactrice en chef de DIHA), Zuhal Tekiner (responsable de DIHA), Ramazan Peköz, Çağdaş Kaplan, Ömer Çelik, Sadık Topaloğlu, Kenan Kırkaya, Semiha Alankuş, Ertuş Bozkurt, Güneş Ünsal, Evrim Kepenek.
Les journalistes d'Ozgür Gündem: Ziya Çiçek (responsable du journal), Nevin Erdemir, Nurettin Fırat, Ayşe Oyman, Yüksel Genç, Hatice Bozkurt,
Les journalistes de Demokratik Modernite: membre du conseil éditorial Nahide Ermiş et Berxwedan Yaruk, Le reporter-photographe de l'AFP, Mustafa Özer,
Correspondant du journal turc Vatan, Çağdaş Ulus
Journaliste de l'agence de presse ETHA (gauche), Arzu Demir, qui travaillait pour les médias kurdes.
Onze autres journalistes qui travaillaient pour les medias kurdes : Sevinc Tuncelli, Ismail Yildiz et Zeynep Kuray, Dilek Demirel, Hüseyin Deniz, Sibel Gürel, Çiğdem Aslan, Cihan Albay, Eylem Sürmeli, Murat Eroglu,Oktay Candemir
Directeur de l'agence Etik, Davut Uçar
Travailleur de la société de distribution de journaux "Fırat", Ertuş Bozkurt, et deux anciens travailleurs de cette société, Şeref Sümeli et Haydar Tekin,
Travailleur de l'imprimerie Gün, Hamza Sürmeli
44 journalistes kurdes en prison
Un autre correspondant de DIHA, Abullah Cetin, arrêté le 16 décembre à Kurtalan, dans la région de Siirt, avec 18 autres personnes, a été mardi 20 décembre placé en détention.
En neuf ans, le gouvernement AKP du premier ministre Recep Tayyip Edogan a transformé le pays en plus grande prison du monde pour les journalistes et les opposants. Au moins 71 journalistes sont actuellement en prison, selon l'association des droits de l'homme (IHD). 44 d'entre eux sont des journalistes kurdes, dont 12 correspondants de DİHA et 13 journalistes d'Azadiya Welat, le seul quotidien en langue kurde.
Mise en garde de l'OSCE
Coup de filet contre les journalistes kurdes ont déclenché de vives réactions, notamment parmi les kurdes et les partis opposants, tandis que les médias turcs ont continué de se taire comme si rien ne s'etait passé.
L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a mis en garde contre les arrestations des journalistes et a demandé des explications à Ankara. "Bien que les gouvernements aient le droit incontestable de lutter contre le terrorisme, cette lutte doit se faire sans museler la presse et limiter le droit du public à être informé. Ce droit inclut celui d'enquêter sur des sujets sensibles, tels que le terrorisme", a déclaré Dunja Mijatovic, représentante pour la liberté des médias de l'OSCE, dans un communiqué.
Elle a affirmé qu'il est « important de savoir pourquoi exactement ces professionnels des médias ont été arrêtés ». Rappelant« qu'avant même les événements de ce jour (mardi) le nombre de journalistes emprisonnés en Turquie est sans précédent dans la zone de l'OSCE »,elle a dénoncé « l'ampleur de l'opération de ce jour contre les journalistes ». La représentante de l'OSCE a averti que ce type d'arrestations « menace de manière générale la situation de la liberté de la presse dans le pays, en menant à l'auto-censure".
RSF: la criminalisation du journalisme doit prendre fin
« Les opérations de police en Turquie se suivent et se ressemblent : les perquisitions sont menées au mépris complet de la protection des sources journalistiques, les interpellations sont massives, ordinateurs et articles sont saisis comme autant de ‘preuves'. La question kurde ne sera pas résolue par la répression des opinions dissidentes au nom de la ‘lutte antiterroriste'. La criminalisation du journalisme, engagé ou non, doit impérativement prendre fin », a déclaré Reporters sans frontières.
« Le premier ministre doit savoir qu'on ne peut réduire au silence la vérité » a dit le principal parti kurde BDP.
« Nous sommes face à une dictatoriat de l'AKP » a dénoncé Ridvan Turan, le dirigent du Parti de la démocratie socialiste (SPD), appelant à la résistance contre ce régime.
Le député BDP Ertugrul Kurkcu a affirmé que ces opérations ont été planifiées par le gouvernement : « Il s'agit d'une attaque totale du gouvernement. C'est un plan du gouvernement. »
Eren Keskin, défenseure des droits de l'homme et la directrice de la publication du journal Özgür Gündem, a condamné les arrestations et a dit : « Ce n'est pas la première fois qu'on mène des opérations contre la presse libre. Ces répressions ne pourront jamais réduire au silence la presse libre. »
La journaliste Nuray Mert, qui est aussi dans la ligne de mire du gouvernement, a dit que la répression d'aujourd'hui est pire que celle d'avant et a appelé tous les milieux démocratiques et organisations civiles à réagir fortement.
Les journalistes et responsables des partis politiques de gauche ont manifesté devant le bâtiment du journal Özgür Gündem, appelant le gouvernement à mettre fin à cette répression d'intimidation.
La liste des arrestations préparée au bureau du premier ministre
« Ce n'est pas une surprise pour nous » a dit Filiz Kocali, la co-vice-président du BDP, lors du rassemblement, rappelant la déclaration du vice premier ministre Besir Atalay sur les opérations KCK. Ce dernier avait dit le 18 décembre sur une chaine privée que les opérations dans le cadre de KCK ont été coordonnées et planifiées par le gouvernement.
« La liste des arrestations sont préparés au bureau du premier ministre » a souligné Filiz Kocali.
Le régime AKP a arrêté mardi 20 décembre au moins 38 journalistes et collaborateurs des médias, procédant à des perquisitions simultanées dans les locaux des médias kurdes et socialistes.
Sur ordre du Parquet d'Istanbul, la police a perquisitionné les locaux de l'agence kurde DIHA, du quotidien kurde Özgür Gündem, de l'agence Etik, de l'imprimerie Gün, de la revue Demokratik Modernite et les dommiciles des correspondants de l'agence de presse Firat (ANF) à Istanbul, Ankara, Adana, Diyarbakir, Izmir et à Van.
Au moins 38 journalistes et collaborateurs des médias personnes ont été arrêtés lors de ces opérations simultanées lancées tôt le matin, visant tous les médias kurdes et les journalistes qui collaboraient avec ces médias, dans le cadre de l'affaire KCK, considérée par les autorités comme la branche politique du PKK. Parmi les personnes arrêtées figurent onze journalistes de DIHA et six du journal Özgür Gündem.
Dans la province de Van, frappé en octobre et novembre par des tremblements de terre, les policiers ont perquisitionné une tente sous laquelle travaillaient les journalistes de l'agence DIHA privés de locaux depuis la catastrophe.
Les journalistes arrêtés : Fatma Kocak (rédactrice en chef de DIHA), Zuhal Tekiner (responsable de DIHA), Ramazan Peköz, Çağdaş Kaplan, Ömer Çelik, Sadık Topaloğlu, Kenan Kırkaya, Semiha Alankuş, Ertuş Bozkurt, Güneş Ünsal, Evrim Kepenek.
Les journalistes d'Ozgür Gündem: Ziya Çiçek (responsable du journal), Nevin Erdemir, Nurettin Fırat, Ayşe Oyman, Yüksel Genç, Hatice Bozkurt,
Les journalistes de Demokratik Modernite: membre du conseil éditorial Nahide Ermiş et Berxwedan Yaruk, Le reporter-photographe de l'AFP, Mustafa Özer,
Correspondant du journal turc Vatan, Çağdaş Ulus
Journaliste de l'agence de presse ETHA (gauche), Arzu Demir, qui travaillait pour les médias kurdes.
Onze autres journalistes qui travaillaient pour les medias kurdes : Sevinc Tuncelli, Ismail Yildiz et Zeynep Kuray, Dilek Demirel, Hüseyin Deniz, Sibel Gürel, Çiğdem Aslan, Cihan Albay, Eylem Sürmeli, Murat Eroglu,Oktay Candemir
Directeur de l'agence Etik, Davut Uçar
Travailleur de la société de distribution de journaux "Fırat", Ertuş Bozkurt, et deux anciens travailleurs de cette société, Şeref Sümeli et Haydar Tekin,
Travailleur de l'imprimerie Gün, Hamza Sürmeli
44 journalistes kurdes en prison
Un autre correspondant de DIHA, Abullah Cetin, arrêté le 16 décembre à Kurtalan, dans la région de Siirt, avec 18 autres personnes, a été mardi 20 décembre placé en détention.
En neuf ans, le gouvernement AKP du premier ministre Recep Tayyip Edogan a transformé le pays en plus grande prison du monde pour les journalistes et les opposants. Au moins 71 journalistes sont actuellement en prison, selon l'association des droits de l'homme (IHD). 44 d'entre eux sont des journalistes kurdes, dont 12 correspondants de DİHA et 13 journalistes d'Azadiya Welat, le seul quotidien en langue kurde.
Mise en garde de l'OSCE
Coup de filet contre les journalistes kurdes ont déclenché de vives réactions, notamment parmi les kurdes et les partis opposants, tandis que les médias turcs ont continué de se taire comme si rien ne s'etait passé.
L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a mis en garde contre les arrestations des journalistes et a demandé des explications à Ankara. "Bien que les gouvernements aient le droit incontestable de lutter contre le terrorisme, cette lutte doit se faire sans museler la presse et limiter le droit du public à être informé. Ce droit inclut celui d'enquêter sur des sujets sensibles, tels que le terrorisme", a déclaré Dunja Mijatovic, représentante pour la liberté des médias de l'OSCE, dans un communiqué.
Elle a affirmé qu'il est « important de savoir pourquoi exactement ces professionnels des médias ont été arrêtés ». Rappelant« qu'avant même les événements de ce jour (mardi) le nombre de journalistes emprisonnés en Turquie est sans précédent dans la zone de l'OSCE »,elle a dénoncé « l'ampleur de l'opération de ce jour contre les journalistes ». La représentante de l'OSCE a averti que ce type d'arrestations « menace de manière générale la situation de la liberté de la presse dans le pays, en menant à l'auto-censure".
RSF: la criminalisation du journalisme doit prendre fin
« Les opérations de police en Turquie se suivent et se ressemblent : les perquisitions sont menées au mépris complet de la protection des sources journalistiques, les interpellations sont massives, ordinateurs et articles sont saisis comme autant de ‘preuves'. La question kurde ne sera pas résolue par la répression des opinions dissidentes au nom de la ‘lutte antiterroriste'. La criminalisation du journalisme, engagé ou non, doit impérativement prendre fin », a déclaré Reporters sans frontières.
« Le premier ministre doit savoir qu'on ne peut réduire au silence la vérité » a dit le principal parti kurde BDP.
« Nous sommes face à une dictatoriat de l'AKP » a dénoncé Ridvan Turan, le dirigent du Parti de la démocratie socialiste (SPD), appelant à la résistance contre ce régime.
Le député BDP Ertugrul Kurkcu a affirmé que ces opérations ont été planifiées par le gouvernement : « Il s'agit d'une attaque totale du gouvernement. C'est un plan du gouvernement. »
Eren Keskin, défenseure des droits de l'homme et la directrice de la publication du journal Özgür Gündem, a condamné les arrestations et a dit : « Ce n'est pas la première fois qu'on mène des opérations contre la presse libre. Ces répressions ne pourront jamais réduire au silence la presse libre. »
La journaliste Nuray Mert, qui est aussi dans la ligne de mire du gouvernement, a dit que la répression d'aujourd'hui est pire que celle d'avant et a appelé tous les milieux démocratiques et organisations civiles à réagir fortement.
Les journalistes et responsables des partis politiques de gauche ont manifesté devant le bâtiment du journal Özgür Gündem, appelant le gouvernement à mettre fin à cette répression d'intimidation.
La liste des arrestations préparée au bureau du premier ministre
« Ce n'est pas une surprise pour nous » a dit Filiz Kocali, la co-vice-président du BDP, lors du rassemblement, rappelant la déclaration du vice premier ministre Besir Atalay sur les opérations KCK. Ce dernier avait dit le 18 décembre sur une chaine privée que les opérations dans le cadre de KCK ont été coordonnées et planifiées par le gouvernement.
« La liste des arrestations sont préparés au bureau du premier ministre » a souligné Filiz Kocali.
Manifestation
Dans la soirée de mardi, plusieurs centaines de personnes ont manifesté sur la place de Taksim à İstanbul pour dénoncer la vague d’arrestations. Marchant jusqu’au Lycée de Galatasaray, les journalistes et collaborateurs des medias ont crié des slogans tels que « la presse libre ne se taira pas », « Nous sommes tous kurdes, nous sommes tous KCK », « L’AKP retire ta main de la presse libre », « nous toucherons même si ça nous brule » (Avec ActuKurde)